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Pietro VENERIO (maj 20/05/2015)

 

 

 


A Nimis au Frioul, région autonome du nord-est de l'Italie, à 20 km au nord d'Udine, Girolamo Vicenzo (21 janvier 1856-12 octobre 1936) fils de Pietro VENERIO (4 mai 1825-2 juillet 1902) et Caterina BEARZI, épouse le 12 février 1887 la fille de Giovanni DEL PIERO et Anna COMELLI, Angela Rosa (3 mai 1861-30 juillet 1917 Udine) qui lui donne cinq enfants : Caterina ma grand-mère (2 octobre 1892), Carolina (15 décembre 1895), Pietro (29 juin 1898), Maria (8 octobre 1903), et Anna (10 novembre 1909).

Frioul dérive du latin forum Iulii, nom de la cité, ancienne capitale de la région, fondée par Jules César.
Peuplée par les Vénètes dans la plaine et les Celtes Carni dans les Alpes Carniques, la région est colonisée par les Romains au IIe s av. J.-C., profondément influencée par la culture latine grâce à Aquileia, centre fluvial majeur, quatrième ville de l’empire avec plus de 200 000 habitants, capitale de la Venetie et Histrie. Le développement de Cividale et Zuglio assure une certaine prospérité. Exposée aux incursions barbares, elle décline à partir du milieu du IIe s, et est rasée par Attila. La capitale régionale est transférée à Forum Iulii (fortifiée au cours du Moyen Âge).
Nemas Castrum, Nimis (Nemus "bosquet sacré"), aux maisons entre vignobles et bosquets, est fortification clé de la défense romaine par sa position stratégique sur les voies de communication reliant Cividale...
où les Lombards créent un duché ; elle devient la ville la plus importante.
796 Concile concernant la christologie, le mariage et l'observation du sabbat
955 Incursions slave et hongroise
Le pouvoir du Patriarcat d'Aquilée s’accroit et contrôle la plus grande partie du territoire
3 avril 1077 L’empereur Henri IV accorde au Patriarche Sigeard le comté du Frioul avec des prérogatives ducales pour sa fidélité au pouvoir impérial 
1420 Il est annexé à la République de Venise 
1499 Invasion turque
XVIe siècle Famines, tremblements de terre, guerres, épidémies 
1516 L’Empereur d’Autriche prend le contrôle du Frioul oriental qui reste autrichien jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale (l'occidental reste vénitien jusqu’en 1797)
1648 Vendu par la République de Venise il devient autonome...
1866 et la région partie intégrante du Royaume d'Italie
Pendant le fascisme, le Frioul supporte un processus d’"assimilation" comprenant la modification des noms de famille et lieux pour des formes plus "italiennes", jusqu’à la détention pour les opposants, est intégré dans l’État allemand, intéressé par un débouché sur la mer Adriatique et  la création d’un État tampon, séparé du reste de l’Italie.
Durant l'occupation allemande, 40 à 60 000 Cosaques ayant collaboré avec les Nazis s'y réfugient car Hitler leur a promis la création d'un État Cosaque indépendant.
S'étendant sur 7 846 km2, bordée par l'Autriche au nord et la Slovénie à l'est, la région se compose de quatre provinces administratives : à l'ouest Pordenone (278 400 h) , Udine (518 852 h) au centre, Gorizia (137 800 h) à l'est et Trieste (299 830 h) au sud-est, sa capitale.
Les 1 300 000 habitants se répartissent en trois langues de la famille indo-européenne : italien (53.5 %), frioulan (43 %), slovène (4.7 %).
Jusqu’à la moitié du XXe s, le Frioul demeure une terre profondément rurale et très pauvre, d'où une émigration continue vers les États-Unis, Canada, Amérique du Sud, France, Benelux, Pays-Bas, Allemagne, Autriche, Suisse, Royaume-Uni, Roumanie, Afrique du Sud et Australie. Son développement débute dans les années 1960 : meuble, industries sidérurgique et alimentaire, réseau de distribution commerciale, industrie lourde, électro-ménager Zanussi-Electrolux à Pordenone (où a travaillé Emilio), tourisme (stations balnéairess de Grado et Lignano, sites majeurs de l’Adriatique, centres historiques d’Udine, Pordenone, Gorizia, Aquileia, Palmanova, Cividale, San Daniele, Gemona..., tourisme vert, villages alpins), agriculture, élevage, pêche et artisanat (bois et métaux, coutellerie, bijouterie, mosaïques, céramiques...)
"Mandi équivaut à salut (ciao). La signification se perd dans la nuit des temps : "dans les mains de Dieu", peut-être d'origine préchrétienne "dans les mains des dieux". En langue latine : "la main de Dieu te protège", "longue vie", "vas dans les mains de Dieu", "que tu restes longtemps (sur cette terre)"...

En août 1920, Pietro vient en France à Fumay dans les Ardennes, seul, au lieu "Le Clos Roland", comme gardien-jardinier de la maison du directeur de l'usine du Pied Selle, construite fin 17e siècle, manufacture de verre à vitres au 19e, puis de poteries en fonte.

De 1862 à 1925, se construit la "Cité ouvrière des Usines du Pied Selle" constituée d'une quarantaine de maisons avec jardinet, d'une école, de lavoirs, cantine et dortoir pour célibataires, salle de réunion.
La ville, à l'origine camp romain, est au XVIe siècle, par sa position frontalière, un enjeu stratégique entre la France et les Pays-Bas jusqu'en 1769 où elle est rattachée à la France. Principale ressource, l'extraction de l'ardoise. Croissance régulière jusqu'à la crise économique des années 30. En 1950 la production de produits électroménagers va mal, et en 1971, fermeture des ardoisières, restructuration de l'usine qui passe de 1200 à 500 personnes.

Il rejoint sa fiancée Lucia DI GIUSTO, fille de Giuseppe et Amalia TION, à Nimis où elle est née le 30 octobre 1897. Ils se marient le 31 mars 1923, et reviennent en France.
Le 4 avril 1925 nait Renaud-Rinaldo, leur fils unique, neveu de ma grand-mère, qui épousera Emilia FABRETTI (18 février 1927-Lombardore Torino) fille de Giovanni, nièce d'Emilio mon grand-père. Ils auront une fille unique Piera le 29 mars 1951.
Lucia était la marraine de mon père (14 décembre 1921) -et Pietro MICONI son parrain- à son baptême, le 1er janvier 1922 à Nimis, dans l'église San Stefano détruite depuis par le tremblement de terre de 1976, et dont l'autel est conservé dans l'église de San Cuore.

L'Eglise dei Santi Gervasio et Protasio, une des plus anciennes du Frioul, petite basilique rectangulaire du VIe ou VIIIe siècle, a résisté.

Mais les événements grondent.

22 mai 1939 pacte Allemagne-Italie.
1er septembre l'Allemagne attaque la Pologne.
Pietro, carte d'identité d'étranger n°38 CS-03976 du 30 décembre 1939, demande à partir pour Tours le 22 février 1940.
11 mai, c'est l'exode. Il est temps : Rommel entre en Belgique. Il sera à Sedan le 13.

Pietro et sa famille arrivent à Athée sur Cher, Indre et Loire, au château de Nitray appartenant à Madame Wagner, Marie Victoire de la Motte Rouge.

Château, oeuvre majeure de la Renaissance, où se mêlent architecture italienne et du Val de Loire, construit en 1517 sous la direction de Phillibert de l'Orne, qui s'illustre aussi à Chenonceau et Anet.

Le 10 juin, le Maréchal Pétain vient y rédiger les notes de l'ultime Conseil des Ministres de Cangé.
Le 20 au soir, le Général Heitz, commandant le 8ème corps de l'armée Allemande, y établit son quartier général.
Le 22, c'est l'armistice, la division de la France, la ligne de démarcation délimitant la zone libre : Genève, Dôle, Tours, Mont de Marsan, frontière espagnole.
Pietro est jardinier du château jusqu'au retour de la petite famille en Italie le 6 novembre 1941.
Capturé le 29 septembre 1944 à Nimis, il est déporté politique le 2 octobre de Trieste à Dachau où il arrive le 5, dans le même convoi n° 87 que Bruno Fabretti, sous le matricule 112961, et transféré le 20 à Neuengamme avec le 63057 ("Compagni di viaggio" de Italo Tibaldi).

Mis en service le 22 mars 1933, organisé par la S.S. comme modèle des camps, Dachau sert pour les adversaires du régime, juifs, nazis dissidents, ennemis personnels.
Quartier général de la Waffen S.S.
Le camp et ses kommandos fournissent de la main d'�uvre à Messerschmitt, BMW et Zeppelin entre autres.
76 000 décès sur plus de 200 000 détenus.
Activités : Maçonnerie, menuiserie, serrurerie, sellerie, cordonnerie, fabrication de vêtements, boulangerie, boucherie, ferme expérimentale, jardinage, élevage d'angoras, entomologie (étude des insectes), armurerie, extraction de tourbe.
Le 2 juillet 1944, un convoi parti de Compiègne avec plus de 2 000 détenus français arrive, le 5 juillet, avec plusieurs centaines de morts. C'est "le train de la mort".
Epidémie de typhus début janvier 1945 faisant des milliers de victimes. Les corps sont jetés et entassés dans d'immenses fosses.
Cette maladie, transmise par le poux du corps, se caractérise par de brusques accès de fièvre, des frissons, maux de tête, fortes douleurs musculaires, une fatigue extrême, puis une éruption de taches brunes entre le cinquième et sixième jour. Taux de létalité de 1 à 20%.
29 avril 1945 17h, "les Américains sont là !", libération du camp par la 7ème armée américaine.

13 décembre 1938, les S.S. déplacent cent détenus de Sachsenhausen à une briqueterie vide de Hambourg-Neuengamme, qui deviendra camp de concentration indépendant début été 1940.
Pendant la guerre, des dizaines de milliers de personnes sont expulsées des camps pour Neuengamme partout en Europe occupée.
Activités : Briqueterie, menuiserie, ateliers de munitions, horlogerie.
Main d'�uvre pour les usines du Nord-Ouest de l'Allemagne : cellulose, mines de sel, usine Volkswagen, fortifications, constructions navales, installations portuaires, base sous-marine et usine souterraine d'aviation, avions de chasse, Pennemünde base expérimentale des V2.
Peu habillés et peu nourris, les soins médicaux insuffisants, les conditions sanitaires catastrophiques, le harassement et les abus infligés par les S.S. déciment environ 55 000 des 106 000 détenus.
Du 6 au 30 avril 1945, une partie des prisonniers est évacuée vers Sandbostel, d'autres échouent sur le paquebot "Cap Arcona" et deux cargos "Athen" et "Thiebeck" coulés en baie de Neustadt.
4 mai 1945, les troupes britanniques parviennent sur un site vide.
Après la guerre, des fonctionnaires S.S. (protection du Führer, garde des camps, unités d'élite), du NSDAP (parti national-socialiste des travailleurs allemands), de la Wehrmacht (armée de terre) et de l'état nazi y sont internés, et en 1948 les anglais rendent le camp à Hambourg qui y établi un centre de correction. Vers la fin des années 60 les autorités judiciaires y construisent une autre prison.

28 avril 1945, capitulation des forces allemandes en Italie.
7-8-9 mai, capitulation générale.
Pietro ne serait pas mort à Dachau le 20 février (Gazzetta Ufficiale) ou à Neuengamme ("Per non dimenticare" de Bruno Fabretti), mais d'après le "Totenbook" de ce camp, le 17 mai à Rothenburg... à 46 ans, une semaine après la capitulation.

D'octobre 1944 à avril 1945, le groupe de Pietro, un des 134 kommandos de Buchenwald, est utilisé à Rothenburg-Saale près de Leipzig par l'entreprise Mansfeld AG, une branche de l'industrie minière et entreprise métallurgique, à la production de munitions pour pistolets et carabines. Les 80 prisonniers, hébergés sur le site dans un petit camp, se rebellent probablement en 1945 quand les alliés approchent. Répression sanglante, vu le cimetière d'une cinquantaine de morts et le monument en mémoire "des victimes du fascisme" sur la place centrale.
Le camp est rasé après la guerre et l'ancienne caserne est aujourd'hui réhabilitée en maison culturelle.
"D'après nos documents, le décès de Pietro Venerio n'a pas été enregistré à l'Etat civil de Rothenburg. Nous ne savons pas si cette personne est enterrée dans une des tombes de prisonniers du cimetière et nous n'avons pas de liste nominative.
Nous regrettons de ne pouvoir vous aider plus dans cette affaire.
Veuillez agréer nos salutations distinguées.
L'officier d'Etat civil de la Communauté d'administration du Wettin."

15 juillet 1937, les premiers détenus allemands amenés de Lichtenburg débutent la construction du camp de Buchenwald. Abrités dans quelques baraques, défrichant la forêt pendant des années sur une centaine d'hectares, les prisonniers bâtissent une véritable ville avec rues, avenues, usines et édifices en dur, les pierres provenant de la carrière. La seule construction de la voie ferrée et de la "Route du sang" reliant le camp à Weimar, où l'on entrait par un portail où se détachaient les mots "Jedem das Seine" ("A chacun son dû"), coûta la vie à plus de 10 000 déportés.
Activité : armement.
Main d'�uvre pour l'industrie de l'Allemagne centrale : briqueterie, menuiserie, BMW, Opel, aciéries, AEG (munitions), Messerschmitt, construction aéronautique...
60 000 détenus meurent sur les 239 000.
3 avril 1945, les S.S. reçoivent l'ordre de liquider le camp. D'énormes convois évacuent vers Bergen-Belsen, Dachau, Flossenbürg, nombre de détenus qui périssent au cours des "marches de la mort" ou au terme du voyage, mais grâce à l'action de l'organisation clandestine, ils échouent dans leur ultime entreprise d'extermination.
5 avril 1945,
la 4ème DB américaine découvrent le kommando d'Ohrdruf.
11 avril 1945, quelques heures avant l'arrivée des américains, les S.S. abandonnent le camp aux 25 000 derniers prisonniers.

Lucia s'éteint à 92 ans, auprès de son fils à Ivrea, le 28 février 1989.



13/08/2007

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