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Guido FABRETTI-TREPPO (maj 04/01/2015)



(Elida) La maman de Bruno et de Guido est morte de la grippe espagnole (dans ces années il y a eu beaucoup de morts de cette maladie). Les même jours est mort aussi Luigi mon grand-père et ton arrière grand-père. Les enterrements ont été célébrés en un unique service religieux et la commotion de cet évènement a impliqué tout le pays. Bruno a vécu à Feletto avec la tante Orsola et Guido avec sa grand-mère Caterina Mini femme de Luigi, ton arrière-grand-mère.

Après avoir longement hésité, j'ai privilégié les faits historiques sur d'éventuels et tardifs ressentiments. Personne en a parlé, personne sait... sauf les Archives Départementales :
Guido est une exception à l'atavisme des Fabretti : alors que des cousins payaient leur idéal de liberté dans les camps, il travaillait à l'Organisation Todt Carl Brandt dans l'île de Groix pour le Mur de l'Atlantique... vraisemblablement comme volontaire rémunéré, car, prêtant la petite maison qu'il avait louée du quartier de la gare d'Aubergenville à mes parents, il y revenait quelquefois pendant cette période.
Cimentier en 1944

 

Les travailleurs forcés du Mur de l'Atlantique :
Des Camps dans le Cotentin : en 1941, Hitler donne l'ordre de construire le Mur de l'Atlantique, dans le but d'empêcher un débarquement des Alliés. Il charge l'ingénieur Todt et son Organisation de sa réalisation. En France, le Mur de l'Atlantique s'étend des côtes basques à la Belgique. Sous la pression des autorités d'occupation, le gouvernement Pétain propose de fournir les Républicains espagnols réfugiés en France pour les chantiers de l'Organisation. Après les Espagnols, des Juifs, des étrangers, des détenus de droit commun� seront livrés par la police française à l'Organisation Todt.

L'Organisation Todt, entreprise publique du IIIe Reich, effectuait tous travaux nécessitant matériaux et main d'�uvre en grosse quantité. Fondée en 1938, elle porte le nom de son premier directeur l'ingénieur Fritz Todt. Elle poursuit les grands travaux décidés par le Reich, commencés dès 1933 par Todt alors inspecteur général pour les routes, projet prévoyant 4 000 km d'autoroute et employant plus de 100 000 ouvriers. C'est elle qui fut chargée de la construction du Mur de l'Atlantique. A la mort de Todt en 1942 elle est dirigée par le Ministre de l'Armement Albert SPEER, son rôle évoluant en passant de coordination inter-entreprise à relais entre l'armée allemande et l'industrie. Au départ, elle recrute de jeunes allemands volontaires attirés par l'argent ou des réquisitionnés, puis des étrangers, des prisonniers de toutes nations, des juifs jusqu'en 1942 date de leur déportation à Auschwitz. En 1944, elle compte environ 1,4 millions d'ouvriers dont 6 000 jeunes venant des Chantiers de Jeunesse fournis par Vichy. Le contrat de service franco-allemand était favorable aux entreprises et permit des fortunes rapides.

La France envahie, les forces allemandes se concentrent sur le front Est, face aux Russes, laissant quelques dizaines de divisions sur les côtes Ouest. Cependant, les officiers s'attendent à un débarquement qui viendrait attirer les divisions de l'Est pour désengager le front Russe.
Pour le prévenir, les Allemands font appel à l'Organisation Todt, entreprise spécialisée dans les constructions à vocation militaire (casemates, routes empruntées par des blindées...), et dès 1941, les travaux commencent face à l'Angleterre. Des fortifications en béton armé sont construites de la Norvège au Pays-Basque Espagnol et en Méditerranée, accompagnées de champs de mines, de milliers de kilomètres de barbelés, de nids de mitrailleuses et de lance-flammes, de défenses de plages, de fossés anti-chars...
Appellées "Mur de l'Atlantique", elles se renforcent dans les zones "sensibles" comme le Pas-de-Calais où un débarquement est plus que probable. Des batteries côtières sont construites à des endroits clés des côtes, pour protéger un port ou un estuaire.
En août 1942, les Alliés organisent un raid "test" à Dieppe qui échoue, mais les officiers de l'Etat-Major allemand prennant conscience du risque majeur de dégarnir ces côtes font stationner la XVème Armée forte de 150 000 hommes dans le Pas-de-Calais.
Depuis janvier 44, Rommel est nerveux. Sous les ordres de von Rundstedt, il est responsable de la côte normande, face à l'Angleterre. Estimant que le dispositif de défense n'est pas suffisant, il décide d'innonder les prairies pour empêcher l'arrivée de parachutistes, et fait planter des pieux minés sur les plages de Normandie, pour prévenir l'atterrissage de planeurs et l'accostage de péniches de débarquement : si les Alliés débarquent sur les côtes contrôlées par les Allemands, il n'est pas pensable de pouvoir les rejeter à la mer. Les travaux se multiplient sur les côtes de la France du Nord et jusqu'en Hollande. Comme l'Allemagne est encore en guerre en Russie et en Italie, deux fronts demandant une très importante quantité de matières premières et de matériel militaire, l'organisation Todt ratisse toute l'Europe pour récupérer un maximum de matériel utile pour le "Mur de l'Atlantique".
Les Allemands construisent des batteries capables de tirer jusqu'à 30 kilomètres inquiètant fortement les Alliés, des blockaus, posent des champs de mines. Des radars couplés à de redoutables canons antiaériens de 88 et des stations d'écoute sont placées sur tout le littoral de la Norvège à l'Espagne.
En contre-attaque, les forces allemandes ont trois divisions blindées et un régiment de parachutistes, en plus des divisions d'infanterie disposées le long du littoral, unités retirées du front Est pour que les soldats se reposent... au rythme des bombardements Alliés touchant les objectifs côtiers. Ils vont tenter d'ouvrir un front à l'Ouest, mais où et quand ?

Ile de Groix
1940, la batterie française de Groix se trouve au Fort du Mené, au Sud Est de l'île.
Les allemands placent la leur au Nord Ouest, près du fort du Grognon, n'utilisant les forts de l'île que comme cantonnement.
Commencée en 1943, pas terminée en août 1944, ces installations principales sont aptes au tir en juillet. Sa mission, défendre l'espace maritime à l'Ouest et au Sud de Lorient.
Constituée de 2 tourelles doubles de marine, 4 canons de 203 mm, issues du croiseur SEYDLITZ, elle tirait sur 360° à plus de 35 km, les tirs nocturnes réglés grâce à un canon de 150 mm tirant des obus éclairants. Garnison de 235 hommes.
Les canons interviennent le 7 août 1944, pour stopper la progression américaine vers Lorient, faisant des dégâts considérables, et appuyent fin octobre, une attaque allemande sur l'Est de la Poche de Lorient.
Début 1945, une batterie d'artillerie américaine à longue portée, positionnée en face sur la côte, tire sur la batterie Seydlitz sans causer de dégâts importants.
Après la reddition allemande de mai, la marine française récupère les installations intactes, en parfait état de marche, qu'elle conserve jusqu'en 1957 où elles finissent ferraillées.

GEO magazine vient de sortir un article documenté, fin décembre 2014, sur “l'Atlantikwall”.

1 500 entreprises françaises du BTP, soit 300 000 ouvriers ont contribué à l’édifier. Mémoire gênante qu’on a voulu effacer en faisant le ménage des archives, mais les rapports des préfectures, comptes des petites sociétés et artisans dévoilent l'ampleur du chantier et son montage économique, écrit Jérôme Prieur, dans son livre aux éditions Denoël.

Hitler décide la création du Mur quand échoue l’offensive éclair contre l'URSS ; enlisement du conflit, Stalingrad : un formidable ouvrage défensif de la Hollande aux Pyrénées : 8 000 casemates, batterie d'artillerie tous les 2 km, ligne ininterrompue de chevaux de frise sur les plages, radars et postes de commande tous les 20 km, bases pour 30 sous-marins U-Boot à Brest, Lorient, Saint-Nazaire, La Pallice et Le Havre, 700 blockhaus différents conçus pour ne laisser aucun angle mort.

Pour conduire ce chantier gigantesque, l'Organisation Todt. Arrivé au pouvoir en 1933, Hitler dote le pays d'un super ministère chargé de donner du travail aux Allemands plongés dans un chômage massif. Mi-paramilitaire, mi-structure d'Etat, l'OT est entre les mains d'un fidèle de la première heure, Fritz Todt. De 1935 à 1938, cet ingénieur de travaux publics mobilise des centaines de milliers de sans-emploi et construit 3 000 km d'autoroutes “à plaques”. Admiration des chefs européens.

Todt meurt en février 1942 dans un mystérieux accident d'avion. Albert Speer, jeune architecte de 30 ans, favori d'Hitler, se voit confier l'édification du Mur. L'Organisation fait appel à 200 grandes firmes allemandes, comme Siemens, mais découvre qu'elle est incapable d'effectuer les travaux dans les délais imposés.

Les grosses sociétés de BTP allemandes s'allient avec leurs homologues françaises. Le chantier colossal attire les entreprises de haute technologie, comme Sainrapt et Brice, spécialiste du béton précontraint. Son patron refuse la sous-traitance, s'associe directement avec l'occupant, ouvre un bureau d'études chez Siemens à Berlin, où il invente un procédé de bateaux en béton destinés au transport des hydrocarbures.

Le BTP français fournit bétonneuses, grues et outils nécessaires au coffrage et ferraillage, coule le béton pour les bases sous-marines : 80% du ciment français. De 16 millions de francs en 1941, le marché national du BTP bondit à 671 millions en 1943. 

Participer au Mur fait tourner un outil de travail meurtri : accès aux matières premières, voire détournement d’une partie. Mais les nazis, piégeant les entreprises, imposent un véritable chantage : ils prennent le contrôle des sociétés, et font payer à la France l'intégralité des travaux de construction au titre des frais d'occupation. De 1940 à 1944, 632 milliards de francs, deux fois le budget annuel d’avant la guerre.

La propagande de Vichy bat son plein. Baisse du chômage : 1940, 1 000 000 chômeurs, 1941, 400 000, 1942, 10 000. Grâce aux primes, avantages sociaux et doublements de salaires dispensés par l'Organisation Todt, on touche 3 000 francs sur les chantiers allemands contre 1 200 sur un chantier français. Pas un mot sur le travail forcé, mobilisant, aux côtés des ouvriers “consentants”, républicains espagnols et prisonniers politiques.

Le Mur ne fut jamais achevé. Le 6 juin 1944, les Alliés s’en rendent maîtres en 4 h après avoir essuyé le terrible feu des canons... en le contournant par l'arrière. 

La Libération traita 1 538 affaires de collaboration économique, dont 457 pour le BTP. 100 condamnations sont prononcées... et les entreprises équipées pour entreprendre la reconstruction nationale !

Quelques chiffres : 4 400 km de côtes mises en défense, du Cap-Nord à Hendaye, 8 000 bunkers construits sur les 15 000 prévus, 17 millions de mètres cubes de béton.



06/08/2009

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