Pietro & Emilio FABRETTI (maj 20/05/2015)
Pietro Micca "Pieri" (7 mars 1882 Nimis-7 février 1968 Nimis), l'un des six fils de mes bisnonni Luigi et Caterina, émigré à Brunsbüttelkoog près de Hambourg, rencontre Berta NEUMANN (30 octobre 1890 Brunsbüttelkoog-31 décembre 1977) serveuse.
Ville portuaire de la province prussienne du Schleswig-Holstein, sur la rive nord de l'Elbe à 96 km au nord-ouest de Hambourg, 2 500 h en 1905, Brunsbüttel est le terminus occidental du Kaiser Wilhelm Canal, Nord-Ostsee ou Canal de Kiel, reliant l'estuaire de l'Elbe à Kiel sur la Baltique.
Pietro Micca est un prénom prestigieux étroitement lié à l'histoire de l'Italie, celui du soldat qui sauva Turin.
La Citadelle, fortifiée de 1564 à 66 par Emmanuel Philibert de Savoie, une des plus admirée d'Europe, permettait deux tactiques défensives : le feu de l'artillerie et des mousquets, et, occulte et imprévisible, aux indéniables effets pratiques et psychologiques, la guerre de mine et contre-mine. Ce réseau de 14 km aux nombreuses ramifications se développait sur deux niveaux, à 5-6 mètres et 13-14 mètres de profondeur, reliés par des escaliers. Les galeries de mine permettaient d'arriver sous les positions de l'assiégeant que l'on faisait sauter, les galeries de contre-mine contrecarraient les actions de l'ennemi par l'écoute, en devançant et neutralisant ses initiatives souterraines .
Depuis 1701, la France de Louis XIV et son alliée l'Espagne combattent en Italie contre l'Empire d'Autriche et la Grande Alliance : Autriche, Angleterre, Hollande, Portugal, et le Piémont est le théâtre de nombreux épisodes de guerre. L'été 1704, le Maréchal Vendôme, commandant l'armée franco-espagnole, assiège Turin, mais pendant six mois la résistance héroïque de la forteresse de Verrua, à 40 km, cloue sur place les français qui perdent 12 000 hommes. Le 13 mai 1706, le Duc de La Feuillade met le siège à la Citadelle.
Le Duc Victor Amédée II en confie la défense au Général Solaro della Margherita, quitte la ville en traversant le Pô que l'ennemi ne contrôle pas entièrement, et organise avec sa cavalerie une manoeuvre de diversion privant l'armée française d'un fort contingent d'hommes.
Les pertes françaises, par les mines souterraines aux effets catastrophiques et terrifiants, sont énormes. En août, il ne reste que 27 000 hommes des 44 000 dont disposait La Feuillade. Mais ils réussissent à pénétrer un certain nombre de galeries...
Vers minuit, le 20 août 1706, deux mineurs sont de garde dans la galerie haute, sur l'escalier reliant les deux niveaux. L'un s'appelle Pietro Micca... il entend des coups sourds de hache et de masse sur la porte en fer, et soudainement se rend compte de la situation critique. Son camarade essaye d'amorcer la mèche, le temps passe, les français redoublent d'efforts... Pietro Micca comprenant qu'il faut intervenir, crie à son camarade de s'éloigner, amorce la mèche et courre se mettre à l'abri... la porte s'écroule, mais en même temps la galerie s'effondre par la déflagration.
Le corps retrouvé à quarante pas en bas de l'escalier est tout ce qui reste du courageux soldat piémontais, surnommé Passapertutt.
Huit jours après cette épisode, le 7 septembre 1706, l'armée de secours austro-piémontaise aux ordres du Prince Eugène de Savoie met en déroute les franco-espagnols et rompt le siège de quatre mois en libérant Turin !
Suite au voeu de Victor Amédée II de Savoie à la veille de cette bataille, est construite la fameuse Basilique de Superga.
Les galeries furent en partie utilisées comme refuge antiaérien pendant la seconde guerre mondiale ; la construction d'immeubles début XXe siècle provoqua la destruction d'un certain nombre, mais attira l'attention et éveilla un nouvel intérêt à leur égard : remise en état, création du Museo Civico Pietro Micca e dell'Assedio di Torino del 1706 en 1961 commémorant le célèbre siège. On peut y voir la ville assiégée, accéder aux galeries -secret de la défense de Turin- et à l'escalier -découvert en octobre 1958- où Pietro Micca s'est sacrifié.
C'est aussi le nom d'une remarquable et respectée vieille lady, un bateau à vapeur de haute mer lancé en 1895 à Newcastle, conçu pour le travail portuaire et inscrit en 1905 au Registre Maritime de Naples, sous son nouveau nom italien, PIETRO MICCA. Ce remorqueur à vapeur-goélette, tire les pontons pour la mise en oeuvre des môles de ports méditerranéens, est enrôlé comme dragueur de mines en temps de guerre, a survécu sans craindre la concurrence grâce au service qu'il est seul à proposer : fournir la vapeur dont les grands navires ne peuvent se passer (cuisines, services, salles des machines), comme les bateaux américains de l'OTAN, dans la baie de Naples, durant les périodes d'entretien ou réparation.
L'Association des Amis des Bateaux à vapeur G.L. Spinelli l'achète en 1996, le restaure dans le respect et l'esprit de l'époque, se propose de le faire découvrir au grand public en tant que centre de la culture marine : manifestations culturelles didactiques, tourisme, recherche scientifique et écologique. Depuis la reprise de ses activités, le remorqueur a reçu plus de vingt mille personnes dans des dizaines de ports.
Il y a peu de temps, une Béatrice Fabretti faisait partie de l'équipage de 4 personnes !
"Pieri", de retour en Italie, reçoit une lettre de Berta lui annonçant la naissance de Pietro (8 décembre 1906 - Brunsbuttelkoog). Il repart en Allemagne pour rentrer avec Berta et l'enfant et se marier à Nimis, sur les instances du grand-père Luigi (Ivan). Sur les dix enfants de cette branche la plus prolifique de la famille -Pietro (1906-1974), Caterina (1908-1910), Emilio (1910-1982), Erna (1913-1995), Caterina (1914-1995), Felice (1916-1998), Giuseppe (1918-1998), Elida (1922), Irena (1925), Marcello (1931-1989)- Pietro allait partager avec son frère Emilio le même destin exceptionnel qu'éclairent les articles et souvenirs suivants :
"Nous apprenons avec beaucoup de retard le décès le 3 octobre 1974, dans la ville d'Udine, du camarade Pedro Fabretti, disparition qui est une perte pour le Mouvement Ouvrier International.
Arrivé dans notre pays très jeune, en cette époque obscure de l'histoire italienne pendant laquelle beaucoup de militants du mouvement ouvrier et des partis politiques démocratiques durent émigrer pour échapper aux persécutions fascistes, il s'engagea immédiatement dans le Partido Comunista Argentin et eut une part considérable dans les grandes batailles que la classe ouvrière de notre pays livra dans la décennie 1930.
Ouvrier de l'industrie du bâtiment, il participa activement à l'organisation de la grande grève de ce secteur qui dura du 23 octobre 1935 jusqu'à fin janvier 1936, et culmina avec la grande grève générale de solidarité qui paralysa le pays les 8 et 9 janvier.
La conséquence immédiate de cette grève, marque significative de la classe ouvrière argentine, fut la création de la FONC (Federacion Obrera National de la Construccion), qui fixa les orientations du mouvement ouvrier.
En tant qu'un des premiers dirigeants de cette fédération, incorruptible militant du parti, il subit toutes les persécutions et vicissitudes que devaient affronter à cette époque les organisateurs du mouvement ouvrier :
Le 30 octobre 1937 le gouvernement du général Justo, appliquant la tristement célèbre loi 4144, l'expulse ainsi que son frère Emilio et d'autres dirigeants du Sindicato de la Construccion (Fioravanti, Pierruccioni, Pini) et, malgré les manifestations de protestation de tout le prolétariat argentin, les livre aux sbires de Mussolini. Confiné longtemps dans l'île de Ponza, il participa ensuite à la libération du peuple italien des troupes nazies et des fascistes.
Pedro Fabretti montra toujours dans les faits une fidélité absolue aux idées qu'il avait embrassées dans sa jeunesse et aux principes de l'internationalisme prolétarien. Il est mort comme il a toujours vécu, fidèle à la cause du communisme et du socialisme, à laquelle il dédia toute son énergie, ici comme en Italie.
Les camarades qui le connurent et l'apprécièrent ressentent profondément sa mort qui met dans le deuil tout notre parti, et les camarades italiens qui militent dans le Parti Communiste Argentin le prennent sûrement comme exemple à suivre." (article argentin)
"… pendant la période qu'ils ont passé en Argentine, ils ont été emprisonnés et tourmentés (… trempés d'eau glacée la nuit). A leur retour en Italie, ils ont été encore emprisonnés et persécutés par les fascistes..." (Pier Luigi)
Les 7 et 8 janvier 1936, la classe ouvrière déclenche à Buenos Aires une grève générale d'envergure (60 000 personnes) en solidarité avec les travailleurs de la construction au chômage depuis octobre 1935, et demande : augmentation de salaires, reconnaissance du syndicat, repos dominical, samedis de quatre heures, abolition du travail forfaitaire et responsabilité du chef d'entreprise face aux accidents de travail.
Tandis que des colonnes de manifestants parcourent les quartiers de la ville pour réaliser assemblées et meetings, des piquets de grève bloquent les usines et exhortent les commerçants à fermer. Chocs armés avec la police. Des centaines de femmes hommes et enfants empêchent la circulation des moyens de transport : plus de quatre-vingts voitures bateaux trams et omnibus sont détruits.
Le matin du 7, après plusieurs confrontations armées avec les forces de répression, les grévistes prennent les quartiers nord, nord-ouest, ouest et sud-ouest. La police se replie et se retranche dans les commissariats pour maintenir le contrôle du centre de la ville, l'armée et la marine occupent des lieux considérés vitaux comme le Département Central de la Police et le port...
Le 8, le Comité Défense et Solidarité avec les Travailleurs de la Construction prolonge la grève générale en protestation contre l'action policière qui arrête des centaines de dirigeants, ouvriers et manifestants.
Cette grève générale, point de repère dans l'histoire de la classe ouvrière argentine par la confrontation de l'ensemble des travailleurs avec le patronat et l'Etat, émergeant dans la scène politique face au gouvernement, échoue le 1er mai 1936 dans sa tentative de constitution d'un Front Populaire.
La loi 4144 du 22 novembre 1902, est la "Loi de Résistance" dictée par Roca, par laquelle on expulsait les travailleurs accusés d'idéologie anarchiste en les séparant ainsi de leurs femmes et enfants. L'immigrant étant suspect, dangereux, indésirable, elle permet d'expulser du pays tout étranger sous prétexte qu'il "compromet la sécurité nationale ou perturbe l'ordre public", et devient huit ans après "Loi de Défense Sociale" réglementant l'admission des étrangers sur le territoire argentin. "La loi de résistance apparaît comme une réponse d'élite politique, face au mouvement syndical et urbain conduit par des étrangers, tandis que la loi de Défense Sociale synthétise la lutte contre le terrorisme devant l'aggravation du conflit social."
Buenos Aires, capitale et plus grande ville d'Argentine, premier port d'Amérique latine depuis 1932, d'une population de près de 3 millions d'habitants, et sa zone métropolitaine de plus de 12 millions, est située sur le côté méridional du Río de la Plata, sur la côte sud-est du continent sud-américain. Sa population se compose d'Argentins, Espagnols, descendance italienne, communautés arabes, juives, arméniennes, chinoises, coréennes. La plupart des habitants sont catholiques et l'Espagnol est la langue principale. La banlieue appartient à la province de Buenos Aires, mais pas la ville, centre financier, industriel commercial et social, dont le port est un des plus actif au monde, relié au Brésil Uruguay et Paraguay.
A l'ouest est la pampa, zone agricole la plus productive en viande, laiterie, grain, tabac, laine et peau. Les principales industries : fabrication d'automobiles, raffinage du pétrole, métallurgie, machines, production de textiles, produits chimiques, papier, habillement, boissons.
Historique : L'Espagnol Juan Díaz de Solís a découvert le Rio de la Plata en 1516 avant d'être tué par les indiens. La ville est fondée comme "Puerto de Nuestra Senora de Santa María del Buen Ayre" le 2 février 1536 par Pedro de Mendoza, mais les attaques forcent les colons à abandonner l'emplacement en 1541. La situation se rétablie en 1580, après la destruction de la ville par les indiens, par Juan de Garay qui fonde la "Ciudad de la Santisima Trinidad" et le port de "Santa Maria del Buen Ayre". Le 25 mai 1810, les citoyens de Buenos Aires établissent un gouvernement provincial. La construction du chemin de fer au 19e siècle augmente la puissance économique de Buenos Aires qui, dans les années 20, est une destination favorite de millions d'immigrés Européens, principalement d'Italie et d'Espagne, ce qui causera les problèmes sociaux autour des secteurs industriels.
"Notre camarade Emilio FABRETTI "Arturo" a été inhumé civilement à Pordenone à 71 ans. Né à Nimis, entré très jeune dans le mouvement antifasciste, persécuté, il émigre avec son frère Pietro en Argentine où il devient dirigeant syndical des ouvriers du bâtiment et dirigeant du Parti Communiste Argentin. Arrêté durant une grève des travailleurs, incarcéré, il est rapatrié sur requête de la police fasciste italienne, et condamné par tribunal spécial au confinement sur l'île de Ponza jusqu'à la chute du fascisme. Il rentre au Frioul en août 1943.
La Fédération du PCI d'Udine le charge alors de venir à Pordenone avec la tâche de réorganiser le Parti et le mouvement syndical, et à la Libération, il devient secrétaire responsable de la CGIL unitaire, charge qu'il conserve jusqu'en 1953.
Durant son engagement, nous nous rappelons les organisations clandestines en pleine occupation nazi-fasciste de 1944 et les luttes pour le travail : il est les années de la reconstruction, des luttes qui exercèrent une influence décisive sur le futur économique et social de la région.
Le caractère humain et profondément unitaire d'Emilio Fabretti a marqué le mouvement syndical de notre province qui en conserve encore les traces par delà les années les plus difficiles de la CGIL.
Dans ses ultimes années, malgré une mauvaise santé, notre camarade est toujours resté attaché au parti, présent par toutes ses initiatives.
Il a été Conseiller de la province d'Udine et Conseiller Communal de Pordenone." (article italien)
"Pietro et Emilio sont morts d'un cancer" (Eliana)
Voici ce que dit leur soeur Elida :
"Pietro et Emilio partent pour l'Argentine en 1926, où ils travaillent dans l'industrie du bâtiment. Dans ce pays où les ouvriers sont exploités et peu payés, ils forment à Buenos Aires, avec trois autres Italiens, la Fédération Nationale du Bâtiment qui fixe des orientations dans le mouvement ouvrier d'Argentine, que le gouvernement persécute, envoyant souvent les ouvriers en prison lors des grèves, comme mes oncles. Le 30 octobre 1937 le gouvernement du général Justo, appliquant la loi 4144, les expulse avec d'autres dirigeants du Syndicat de l'Industrie du Bâtiment (Fioravanti, Pierruccioni, Pins) ; malgré les manifestations de protestation de tous les ouvriers, ils sont livrés aux hommes de Mussolini, expulsés, extradés dans un bateau-prison jusqu'en Italie, condamnés à cinq ans de confinement d'abord dans l'île de Ponza -où ils côtoyèrent le futur Président de la République Pertini- puis à Potenza, en Basilicate, dans le sud de l'Italie.
Pietro, lors de cette captivité, est rejoint par Vincenza Soler, une femme d'origine espagnole qui vivait à Buenos Aires avec ses parents. Il est libéré en 1942 et Vladimiro, qui réside à Turin, naît en 43.
La guerre finie, en 45, l'oncle Pietro et sa famille retournent à Nimis, où il est élu Maire aux premières élections démocratiques. En charge sept ans, il est surnommé Maire de la construction et relève le pays brûlé en 44 par les occupants allemands.
En 1950 naît Massimo leur second fils.
L'oncle Emilio se fixe à Pordenone, travaille chez Zanussi, épouse Eugenia Bellot une fille du lieu, et a deux fils : Arturo (1949-1996) et Pier Luigi en 1961, qui est musicien et vit à Paris, mais va souvent à Pordenone chez sa mère, à l'occasion de ses concerts autour du monde."
Les sites http://www.hebrewsurnames.com/arrival_BELVEDERE_1927-10-25 (Ivan)? http://www.ciseionline.it , http://cemla.com/ , nous donnent :
Pedro (Pietro) 21 ans nationalité Neuman (nom de sa mère) et son frère Emilio 18 ans nationalité italienne agriculteurs, partis de Naples sur le Belvédère, débarquent à Buenos Aires le 25 octobre 1927, après une traversée de 11 100 km en 33 jours.
C'est dans l'île de Ponza que, selon la légende, Ulysse aurait rencontré la magicienne Circé.
Issue d'une explosion volcanique il y a deux millions d'années, elle a aussi une histoire :
5000-2000 : présence de l'homme préhistorique ; XIIe-XIe siècles : étape phénicienne ; VIIIe-VIIe siècles : aqueduc grec, arrivée des Etrusques ; -312 : colonie romaine (certains Empereurs y exilaient leurs soeurs après avoir partagé des jeux interdits) ; 813 : incursion sarrasine ; 1435 : bataille navale et victoire de Gênes sur Alfonso d'Aragona ; 1534 : incursions de Barberousse et en 1655 des Turcs ; 1757 : 12 bateaux napolitains, romains, maltais affrontent des navires turcs.
Et se trame le destin des Fabretti :
1771 : 300 forçats sont transférés dans l'île, lieu de relégation en 1820. Annexée à l'Italie en 1861, elle devient en 1928 confinement fasciste où Mussolini, pendant la Seconde Guerre Mondiale, expédie adversaires politiques comme le Président des Jeunesses Communistes, prisonniers grecs albanais slaves, et, ironie de l'Histoire, y est emprisonné du 27 juillet au 7 août 1943 avant de s'enfuir pour fonder la République de Salo.
L'île, au beau milieu de la mer Tyrrhénienne, à deux pas de Rome, aujourd'hui considérée dans le monde entier comme une sorte de paradis terrestre, une petite Capri ou Ischia, est désormais le must absolu, le rendez-vous -exil volontaire- le plus "in" de tout le "Who's Who".
Sandro Pertini né à Stella (Savona-Liguria) le 25 septembre 1896, licencié en jurisprudence et en sciences politiques et sociales, est en 1917 en première ligne, publie à ses frais l'opuscule "Sotto il barbaro dominio fascista" pour lequel il est arrêté le 27 mai 1925 et condamné à huit mois de prison, puis en 26 à cinq ans de réclusion pour activité politique. Echappant à l'arrestation, il se réfugie à Milan puis en France où il demande et obtient l'asile politique, travaille à Paris jusqu'en 1929, date à laquelle il est expulsé lorsque la police découvre l'émetteur radio avec lequel il envoyait des messages en Italie. Arrêté et poursuivi en justice par le tribunal spécial pour la défense de l'État, il est condamné à onze ans de réclusion.
À la chute du fascisme, il combat les allemands à Rome à la Porte San Paolo. En août 1943, il fait partie du premier exécutif du Parti socialiste. Capturé par les SS, il est condamné à mort, mais la sentence n'a pas lieu. En 1944 il s'évade de la prison, rejoint Milan pour assumer la charge de Secrétaire du Parti Socialiste dans les territoires occupés par les Allemands, guide les brigades partisanes socialistes, est un des chefs du soulèvement populaire du 25 avril 1945. Il est décoré de la Médaille d'Or.
Après la guerre, il se consacre à la vie politique et au journalisme, est élu Secrétaire du Parti Socialiste Italien de l'Unité Prolétarienne en 1945, Député à l'Assemblée Constituante, Sénateur de la République en 48 et Président du groupe parlementaire, Directeur d'"Avanti" de 1945 à 46 et de 50 à 52, assume en 47 la direction du quotidien génois "Il Lavoro", est membre de la Chambre de 1953 à 78 et Président le 5 juin 1968, Député au Parlement en 1953, 58, 63, 68, 72, 76. Reconfirmé à la Présidence de la Chambre le 25 mai 1972 et le 4 Juillet 76, il est élu Président de la République le 8 Juillet 1978. Au terme du Mandat Présidentiel le 29 juin 1985 (démission) il est proclamé Sénateur à vie. Il meurt le 24 février 1990.
La Basilicate, région d'Italie méridionale, appelée également Lucanie, nom dérivé des habitants préhistoriques, les Lyki, terre de lumière, lieu de contrastes et de fortes harmonies des bois touffus de la province de Potenza -la capitale- aux paysages lunaires de la province de Matera, limitrophe de la Campanie, des Pouilles et de la Calabre, donne sur les plages sablonneuses de la Mer Ionienne et les côtes découpées de la Mer Tyrrhénienne.
Les colons grecs y apportent leurs culture, art et philosophie, mais après les répressions sanglantes que subissent les Lucanians rebellés contre Rome, la région qui connaissait alors des périodes de splendeur considérable est abandonnée.
Potenza, détruite par Frederick II, reconstruite par l'Evêque Oberto en 1250, est redétruite par Charles d'Anjou.
Des luttes continuelles des classes inférieures contre les barons féodaux et les autorités régnantes pour la possession de la terre marquent les 14e et 17e siècles. Aux 18e et 19e, beaucoup de paysans sont réduits à une telle misère qu'ils se tournent vers le banditisme.
En décembre 1857, Potenza est considérablement endommagé, ainsi que Marsicovetere située à environ 60 kilomètres au sud, par un tremblement de terre qui tue environ un quart de la population.
C'est seulement depuis la Deuxième Guerre Mondiale qu'une réforme agraire est menée pour casser les grandes exploitations, mais la petite région s'étendant sur 9 992 km2, faiblement peuplée de 607 859 habitants, est une des plus pauvres et arriérées d'Italie.
Une grande partie des familles vit grâce aux pensions acquises par une vie de travail à l'étranger ou dans d'autres régions. 20% de la population vit de l'agriculture : céréales, blé, agrumes, oliviers, tomates, et de l'élevage : ovins, caprins.
Il y a des gisements de gaz et pétrole, des manufactures (textiles et alimentaires), des entreprises dont à la 1re place FIAT. La Basilicate, dépourvue de ports, a un faible mouvement commercial, et le tourisme est limité à l'unique station balnéaire de Maratea sur la Mer Thyrrénienne.
La population réside dans de gros centres sur les hauteurs ou les chaînes ; l'isolement donne l'impression d'un paysage désertique, d'une beauté âpre et mélancolique, aux horizons vastes où retrouver la paix des silences profonds.
Frioul dérive du latin forum Iulii, nom de la cité, ancienne capitale de la région, fondée par Jules César.
Peuplée par les Vénètes dans la plaine et les Celtes Carni dans les Alpes Carniques, la région est colonisée par les Romains au IIe s av. J.-C., profondément influencée par la culture latine grâce à Aquileia, centre fluvial majeur, quatrième ville de l’empire avec plus de 200 000 habitants, capitale de la Venetie et Histrie. Le développement de Cividale et Zuglio assure une certaine prospérité. Exposée aux incursions barbares, elle décline à partir du milieu du IIe s, et est rasée par Attila. La capitale régionale est transférée à Forum Iulii (fortifiée au cours du Moyen Âge).
Nemas Castrum, Nimis (Nemus "bosquet sacré"), aux maisons entre vignobles et bosquets, est fortification clé de la défense romaine par sa position stratégique sur les voies de communication reliant Cividale...
où les Lombards créent un duché ; elle devient la ville la plus importante.
796 Concile concernant la christologie, le mariage et l'observation du sabbat
955 Incursions slave et hongroise
Le pouvoir du Patriarcat d'Aquilée s’accroit et contrôle la plus grande partie du territoire
3 avril 1077 L’empereur Henri IV accorde au Patriarche Sigeard le comté du Frioul avec des prérogatives ducales pour sa fidélité au pouvoir impérial
1420 Il est annexé à la République de Venise
1499 Invasion turque
XVIe siècle Famines, tremblements de terre, guerres, épidémies
1516 L’Empereur d’Autriche prend le contrôle du Frioul oriental qui reste autrichien jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale (l'occidental reste vénitien jusqu’en 1797)
1648 Vendu par la République de Venise il devient autonome...
1866 et la région partie intégrante du Royaume d'Italie
Pendant le fascisme, le Frioul supporte un processus d’"assimilation" comprenant la modification des noms de famille et lieux pour des formes plus "italiennes", jusqu’à la détention pour les opposants, est intégré dans l’État allemand, intéressé par un débouché sur la mer Adriatique et la création d’un État tampon, séparé du reste de l’Italie.
Durant l'occupation allemande, 40 à 60 000 Cosaques ayant collaboré avec les Nazis s'y réfugient car Hitler leur a promis la création d'un État Cosaque indépendant.
S'étendant sur 7 846 km2, bordée par l'Autriche au nord et la Slovénie à l'est, la région se compose de quatre provinces administratives : à l'ouest Pordenone (278 400 h) , Udine (518 852 h) au centre, Gorizia (137 800 h) à l'est et Trieste (299 830 h) au sud-est, sa capitale.
Les 1 300 000 habitants se répartissent en trois langues de la famille indo-européenne : italien (53.5 %), frioulan (43 %), slovène (4.7 %).
Jusqu’à la moitié du XXe s, le Frioul demeure une terre profondément rurale et très pauvre, d'où une émigration continue vers les États-Unis, Canada, Amérique du Sud, France, Benelux, Pays-Bas, Allemagne, Autriche, Suisse, Royaume-Uni, Roumanie, Afrique du Sud et Australie. Son développement débute dans les années 1960 : meuble, industries sidérurgique et alimentaire, réseau de distribution commerciale, industrie lourde, électro-ménager Zanussi-Electrolux à Pordenone (où a travaillé Emilio), tourisme (stations balnéairess de Grado et Lignano, sites majeurs de l’Adriatique, centres historiques d’Udine, Pordenone, Gorizia, Aquileia, Palmanova, Cividale, San Daniele, Gemona..., tourisme vert, villages alpins), agriculture, élevage, pêche et artisanat (bois et métaux, coutellerie, bijouterie, mosaïques, céramiques...)
"Mandi équivaut à salut (ciao). La signification se perd dans la nuit des temps : "dans les mains de Dieu", peut-être d'origine préchrétienne "dans les mains des dieux". En langue latine : "la main de Dieu te protège", "longue vie", "vas dans les mains de Dieu", "que tu restes longtemps (sur cette terre)"...
Située à l'ouest du Frioul dans un secteur habité depuis la préhistoire : Paléolithique, Néolithique, âge de fer, "Portus Naonis" des Romains (du fleuve Noncello qui permettait d'atteindre Venise) au Ve siècle, en 1202 Pordenone se soustrait au Patriarcat d'Aquileia et se soumet à l'Autriche.
Le premier noyau de la cité se développe autour du château construit probablement au Xe siècle. En 1220 l'important port fluvial est détruit. Au XVe siècle la ville s'embellit de palais décorés avec jardins et fresques sur les façades.
Enclave des Hasbourg en terre friulane (1278), liée économiquement aux marchés transalpins et à Venise (1508), elle a toute potentialité pour se développer : céramique, orfèvrerie, cadres de laine et soie, écoles, médecins et notaires... et pendant le règne Lombard-Vénétie (1815-1866) : textile (coton), énergie hydro-électrique.
Annexée à l'Italie en 1866, d'autres secteurs s'ouvrent autour de 1900 : mécanique et électromécanique, sidérurgie, chimie, bois, électroménager (Zanussi) et les prestigieuses poteries de Galvani. Devenue le but d'un considérable flux d'immigration augmentant rapidement sa population, elle accède en 1968 au titre de chef-lieu d'une province de 51 communes d'environ 270 000 habitants.
À voir : le vieux centre de la ville, ou Contrada Maggiore développé selon la rue Corso Vittorio Emanuele ; le Château, vaste édifice en L érigé en 1274-76, ancienne résidence d'un représentant des Hasbourg réduite à une prison ; le Duomo de San Marco, aujourd'hui Cathédrale, d'influences romane, gothique, renaissance, baroque et néoclassique ; le Palais Riccheri, siège du musée civique ; le Palais Communal gothique (1291-1395), à l'horloge rajoutée au XVIe siècle ; le Palais vénitien Gregoris du XVIIe et ses gargouilles ; le Palazzo Ricchiesi du XIVe siècle, une des plus illustres familles de la ville, abritant la galerie d'art ; les églises de San Francesco, Santa Maria des Anges, Saint George ; les vieilles filatures de coton, exemple d'architecture industrielle. Aux alentours : Spilinbergo, siège de l'École de Mosaïstes du Frioul ; Sesto al Reghena, célèbre pour son imposante abbaye de période lombarde remontant au VIIIe siècle, considérée comme la plus ancienne au monde ; Villanova, où est né le célèbre Odorico da Pordenone qui visita la Chine au XIVe siècle, peu après Marco Polo.
Commémoration et souvenir :
NIMIS : Une cérémonie civile se tiendra Dimanche 3 octobre à 9h45 dans le cimetière, pour la commémoration des 30 ans de la disparition du Maire Pietro Fabretti, élu aux premières consultations administratives de l'après-guerre et protagoniste de la reconstruction du pays après l'incendie nazi-cosaque du 29 septembre 1944. Fabretti est né en 1906 à Brunsbüttelkoog, en Allemagne, où son père avait émigré. Comme se rappelle son fils Massimo, il part en 1926 en Argentine, s'établissant à Buenos Aires. Expulsé du pays pour activité politique et syndicale, il y revient en participant à la fondation du Syndicat des Ouvriers du Bâtiment. En 37, il est de nouveau expulsé comme antifasciste et condamné pour cela en Italie à cinq ans de confinement à Ponza et Lagonegro où, lorsqu'il recouvre la liberté, il réorganise le mouvement des ouvriers et la Chambre du Travail de Potenza. "En 45 mon père revient à Nimis où il est élu Maire aux premières consultations administratives de l'après-guerre pour un quinquennat de reconstruction après l'incendie, puis reste au Conseil Communal jusqu'en 71 dans l'opposition. Dans les années 50 il est membre de la Commission Exécutive et du Secrétariat de la Chambre du Travail d'Udine et de Bassa Friulana recouvrant pour des années la responsabilité du Syndicat de la Chimie et du Textile. Mon père aimait profondément Nimis, et a donné à ses concitadins toute sa force et son expérience lors de son mandat, au moment de sa plus grande maturité et énergie. Administrateur honnête, connaisseur et spécialiste attentif des problématiques des organismes locaux et de tout ce qui relève de la compétence de la Commune, il en défendit avec succès l'autonomie." (Messaggero Veneto du 30/09/2004)
D'après Danilo et Svetlana, "Pieri", socialiste objecteur de conscience pendant la guerre 14-18 et pacifiste, a lui aussi subi -avec sa famille- la relégation politique à Piedimonte d'Alife, zone contrôlée de Campanie, pour le faire taire. Giuseppe et Felice sont nés là-bas.
"Cela ne l'a pas empêché de dire ce qu'il pensait même avec Mussolini. De gauche convaincu, il scandalisait par ces idéaux politiques. Peu importe qu'on le punisse pour le faire taire, personne n'y arrivait ; il avait ses convictions et ne se gênait pas pour en parler. Sa famille en a beaucoup souffert (refus de travail...), mais c'était son honneur, sa vérité. Cet homme courageux et honnête a transmis à ces enfants la veine politique, la capacité de révolte, un atavisme chez nous." (Svetlana)
Des traces d'installation humaine remontent à l'âge du bronze et du fer sur le Mont Cilla où, défendue de murs mégalithiques, Piedimonte est vaincue par les Romains. Les populations abandonnent les forteresses, descendent dans les plaines, et, à cause des invasions sarrasines des VIIIe IXe siècles, édifient sur les précédentes fortifications sunnites. Sous la tutelle des contes lombards d'Alife, se forme le premier noyau d'habitation.
Au Haut Moyen-age, Piedimonte est Duché lombard, au XIIIe siècle devient autonome, et en 1383 est cédée aux Gaetani d'Aragona jusqu'en 1806, période importante pour Piedimonte qui occupe un rôle central dans l'histoire de l'Italie du Sud, et devient centre intellectuel d'artistes.
Au XVe siècle elle se développe comme centre commercial et manufacturier lié à la production de tissage de laine et de coton.
En 1730 elle obtient le titre de Ville de l'Empereur d'Autriche, pendant la révolution de 1799 est assiégée et pillée par les Français.
En 1813 des entrepreneurs suisses lui donnent une réalité industrielle, la plus moderne et grande industrie du Règne des Deux Siciles, donnant du travail à plus de 2 000 personnes, et en 1816 Piedimonte devient Chef-lieu de District.
En 1860 le territoire est le théâtre d'importants heurts entre borbonici et garibaldini. Avec l'unité d'Italie, Piedimonte perd son importance administrative, et devient un petit centre, semblable à tant à d'autres, réussissant avec peine à maintenir une certaine production.
En 1900 commence la construction du chemin de fer Naples - Piedimonte inauguré le 30 juin 1914.
Dans la première moitié du XXe siècle, elle conserve son rôle économique grâce au chemin de fer, à la cotonnerie -détruite par les allemands en 1943-, à la centrale hydro-électrique exploitant les eaux du lac Matese.
En septembre et octobre, la ville est détruite par les allemands, subissant un coup fatal dont elle se relèvera lentement. Depuis quelques décennies, Piedimonte reprend activités de commerce, tourisme, urbanisme, devient pôle d'attraction et centre commercial de l'aire matesina.
L'immense territoire des Matese est une terre de fort contraste entre vallées collines et montagnes où alternent villages et bois, centres productifs et petits bourgs où le temps semble s'arrêter. En parcourant des ruelles étroites, passant sous d'étroits portiques, on peut arriver aux pieds d'une tour ou au sommet d'une colline ; des ruelles raides débouchent sur une piazzetta, où l'on entrevoit de belles femmes dans leur costume sévère.
Histoire, traditions et légendes vivent ici comme expression du folklore local.
La Campanie, de campus = terre plate, est déjà peuplée au Néolithique, occupée par des colonies grecques (fondation de Naples), phéniciennes, étrusques et sunnites -VIIe IIIe siècles-, par les Romains -IIe - (routes, agriculture). L'éruption du Vésuve détruit Pompei en août 79.
Invasion des Lombards (routes, châteaux) puis occupation française au XIIe siècle (agriculture, commerce). La croissance économique démarre au XIIIe où Naples est capitale du sud de l'Italie. Déclin économique grave sous la domination espagnole aux XV XVIe siècles, mais la puissance revient sous les Bourbons aux XVII XVIIIe (agriculture, industries).
Climat doux et ressources agricoles riches : tomates, pomme de terre, fruits (pastèque, prune, abricot, raisin etc.) dans de petites propriétés agricoles, commerce ouvert à la mer et aux ports (Naples, centre de communication entre le sud et le nord de l'Italie).
La Campanie est la région la plus industrialisée de l'Italie méridionale (métallurgie, mécanique, ciment, chimie, habillement, électronique), mais étant la plus peuplée, le niveau de vie est très bas.
En bordure de mer, le tourisme à transformé côtes et îles.