Accendino (maj 11/02/2014)
ACCENDINO
Grâce au forum Bertotti, un coin du voile se lève sur l'énigme du briquet, seul objet de ma famille qui me soit parvenu.
"Salut, ce devrait être un briquet militaire fin 1800 début 1900, typique des ateliers austro-hongrois, naturellement pas pour de simples militaires mais des officiers (jamais eu de militaires dans tes ancêtres ?), même si certains, pour des actions particulières de valeur, étaient récompensés par l'armée royale avec de petits bijoux. Tu devrais demander qui a fréquenté la zone frontalière pour en savoir un peu plus."
L'identité de l'Autriche, habitée dès l'âge de pierre, se forge au cours du temps par l'invasion celte, la fondation de Vienne et Salzbourg en 113 av JC par les Romains, l'installation des peuples germaniques du IVe au VIe siècle ; le territoire, intégré au Royaume Franc, devient sous Charlemagne en 996 "Osterreich" (Royaume d'Orient). Saccagé au Xe siècle par les Hongrois, il est reconstitué par Otton le Grand en 955.
Rattaché à la Bavière, duché héréditaire -capitale Vienne- il est divisé en 1246 en deux régions, l'Autriche et la Styrie. Le Roi de Bohème attaque mais est battu en 1278 par Rodolphe de Habsbourg, descendant d'une famille suisse-alsacienne, élu en 1273 Empereur du Saint Empire Germanique qui, en 1519 sous Charles Quint, comprend les Pays-Bas, Flandre, Artois, Franche-Comté, Aragon, Navarre, Sardaigne, Sicile, Naples, Castille, Amérique espagnole, plus en 1526 Bohème et Hongrie !
Réforme contre les protestants, guerre de trente ans (1618-1648), lutte contre les Turcs en 1529 et 1683.
Joseph II, Empereur en 1765, déclare Vienne seule capitale, fait de l'allemand la langue officielle, développe le commerce et les manufactures, abolit le servage, est tolérant envers les protestants, expulse les Jésuites.
Tchèques, Hongrois, Belges et Italiens se soulèvent. L'Autriche cède en 1805-1809 la Vénétie, Trieste, la Dalmatie, la Croatie à la France, le Tyrol, le Trentin à la Bavière, mais retrouve en 1815 le Tyrol, Salzbourg, la Lombardie, la Vénétie.
En 1806, sous la pression de Napoléon 1er, les Habsbourg changent le titre symbolique d'Empereur du Saint Empire Romain Germanique en Empereur d'Autriche, et recouvrent les possessions héréditaires d'Europe Centrale sur lesquelles ils exercent une autorité réelle.
Le 8 février 1867, l'Empire Autrichien cède la place à une double monarchie austro-hongroise, nouvel état appelé Autriche-Hongrie, union de deux pays indépendants, l'Empire Autrichien proprement dit et le Royaume de Hongrie, simplement unis par allégeance à un même souverain, François-Joseph 1er, moins connu aujourd'hui que sa femme Elisabeth "Sissi", princesse bavaroise à l'opulente chevelure. Ainsi, la création de l'Autriche-Hongrie est l'aboutissement d'un très long processus historique qui débute au XIIIe siècle et permet à une famille issue du modeste château des Habsbourg en Suisse, de dominer toute l'Europe Centrale par de fructueuses alliances matrimoniales, régner sur les Pays-Bas, l'Espagne et ses colonies d'outre-mer pendant quelques décennies sous Charles Quint, Archiduc d'Autriche, Roi d'Espagne et Empereur d'Allemagne ! Après son règne tourmenté, les Habsbourg se recentrent sur leur combat traditionnel contre les Turcs qui menacent les peuples chrétiens du bassin du Danube.
En 1866, suite à la défaite de Sadowa face à la Prusse, l'Empereur renonce à ses dernières prétentions sur l'Allemagne et l'Italie. Il choisit de s'intéresser désormais à ses peuples, et, sous l'influence de sa femme sensible au charme des nobles hongrois, transforme ses états en une confédération bicéphale où Autrichiens de langue allemande et Hongrois se partagent le pouvoir sur le dos des Tchèques et Slaves du sud. Quelques mois après la signature, François-Joseph et Elisabeth ceignent à Budapest la couronne de Saint-Etienne, Saint-Patron et premier Roi de Hongrie.
La Hongrie devient royaume indépendant dénommé officiellement Transleithanie d'après la Leitha, rivière marquant la limite entre les deux nouvelles entités, avec, autour de sa capitale Pest (aujourd'hui Budapest) coeur de la Hongrie historique, la Croatie, Transylvanie, Slovaquie, la région polonaise de Cracovie. Les Hongrois de langue magyar représentent à peine la moitié de la population de cet ensemble très divers de Slaves, Allemands, Roumains, gitans, juifs, redevables à la Monarchie des Habsbourg de leur donner la préséance sur les autres minorités.
Le reste de l'Empire Autrichien devient la Cisleithanie, comprenant une majorité d'Allemands autour de Vienne et dans les monts Sudètes du nord de la Bohème, ainsi que de fortes minorités slaves et italiennes.
Les Tchèques, qui se réclament du prestigieux Royaume de Bohème, sont les grands perdants du compromis, mais conscients de l'avantage d'appartenir à un grand ensemble danubien, placent leurs espoirs dans l'avènement d'une triple monarchie.
Les nobles hongrois, ou magnats, bénéficient de privilèges et d'exemptions fiscales les dissuadant de toute ouverture démocratique en Transleithanie. Oublieux de la défaite de Sadowa, ils poussent François-Joseph à se rapprocher de l'Allemagne, voyant dans une alliance pangermaniste la meilleure garantie contre les revendications autonomistes des minorités slaves.
Les autres minorités ont l'espoir d'une évolution favorable de leur statut dans le cadre d'une fédération élargie, et les tensions s'apaisent durablement à l'intérieur de l'Empire. Par sa structure politique très souple, l'Autriche-Hongrie, précurseur de l'Europe actuelle, bénéficie pendant ses cinquante ans d'existence d'un immense rayonnement culturel et d'une expansion économique rapide. De Trieste à Cracovie, toute l'Europe Centrale en conserve la nostalgie dans son architecture comme dans son art de vivre.
Mais la double monarchie se fragilise par l'entêtement des magnats refusant tout nouveau compromis qui donnerait quelques droits aux Tchèques et autres Slaves.
L'Autriche-Hongrie s'effondre à l'issue de la Grande Guerre, suite à l'agitation des tchèques Tomas Masaryk et Édouard Benès, aux revendications territoriales de l'Italie et Roumanie, à l'animosité des dirigeants français à l'égard de la monarchie.
Invoquant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, le Président américain Woodrow Wilson et Georges Clemenceau Président du Conseil autorisent l'éclatement de la "Mitteleuropa" (Europe Centrale).
L'Autriche-Hongrie, forte de 50 millions d'habitants, avec une capitale rivale de Paris, Londres ou Berlin, cède la place à plusieurs états rivaux, arc-boutés sur le mythe de leur identité nationale, linguistique ou ethnique : Autriche, Hongrie, Roumanie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie.
A l'exception de l'Empire, ces états se caractérisent par une aussi grande hétérogénéité de langues, cultures et religions que feu la double monarchie.
L'accendino -qui vient de mon père et peut-être de mon bisnonno Luigi- cache toujours son secret.
Sissi
1867 Autriche-Hongrie